Shootings géants de portraits corporates à Neuilly-sur Seine
Dans les yeux de nos soignants
Pandémie de Covid 19
Des chefs de services, médecins, pharmaciens hospitaliers, infirmières, aides-soignants, préparateurs en pharmacie, administratifs, personnels d’entretien et de restauration, tous sont passés devant mon objectif.
Entre deux gardes, en tenue de combat, armés de stéthoscopes, thermomètres, sur-blouses, masques et charlottes.
J’ai vu des cohésions d’équipes hors du commun, des complicités très fortes entre les médecins, leurs infirmiers et leurs aides-soignants.
Des chirurgiens dont l’activité était annulée transformés en brancardiers-covid, un chef de service convalescent descendre en jogging de sa chambre pour poser avec son équipe qui l’a sauvé.
Une implication face à la situation qui forçait l’admiration, des serrages de coudes, et j’ai vu beaucoup d’humanité, d’amitié et des tas d’éclats de rires.
J’ai vu des gens biens.
Voici mon histoire avec eux.
Témoignage…
17 mars 2020, premier jour de confinement en France en pleine pandémie de Covid-19.
De nouvelles habitudes et routines doivent se mettre en place, dans une sidération dont j’ai du mal à sortir.
Créer les postes de travail de toute la famille en télétravail forcé, applaudir tous les soirs au balcon, ressortir la machine à coudre et les vieux stocks de tissus pour envoyer des masques faits maison aux amies qui travaillent dans des Ehpad, apprendre à faire du pain maison sans machine.
Bien entendu, tout l’agenda s’est annulé d’un seul coup d’un seul. Clap de fin, merci, au revoir. Alors, ranger le matériel photo puisqu’il ne sert plus à rien.
Les appareils photo, tout le matériel de studio, les accessoires, les cartes-mémoires, les batteries, tout.
Voilà c’est fini…
Vous préparez une refonte de votre site internet et souhaitez des portraits professionnels harmonisés de vos équipes ? Je me déplace dans vos locaux ou organise des plannings au studio à Neuilly sur Seine.
Mais le 4 avril, le Figaro publie une série de portraits de soignants de l’hôpital Georges Pompidou par Joël Saget, photographe de l’Agence France-Presse.
Ses photos, très fortes, me donnent l’impulsion.
Offrir des portraits aux soignants en première ligne pour leur dire merci, c’est mieux que des applaudissements !
Et bien sûr, dans ce contexte, ce sera du bénévolat total.
Confinement oblige, n’ayant pas de carte de presse et donc pas le droit de me balader toute la journée, je choisis de rayonner autour de chez moi à Neuilly sur Seine.
Le Groupe Ambroise Paré-Hartmann-Cherest et l’Hôpital Américain répondent presque immédiatement à ma proposition avec chaleur et enthousiasme. Le Centre Hospitalier de Neuilly ne trouvera jamais de dates, à mon très grand regret.
Dates fixées, les personnels prévenus, je monterai mon studio plusieurs jours de suite et à différents horaires, pour donner la possibilité à tous de venir entre deux gardes, équipes de jour, comme équipes de nuit.
Difficile de décrire la joie immense que je ressens. On m’aurait appris que j’allais photographier le mariage de Kate et William, ce n’aurait pas été mieux !
Que toutes ces années, ces centaines d’heures à travailler pour comprendre puis acquérir la technique, maîtriser le matériel, s’imposer une juste critique pour chercher à faire encore mieux, que ce métier tellement lié au bonheur en temps normal puissent, là, se mettre au service de ceux qui donnent tout pour les autres en première ligne, c’était une récompense considérable.
Consulter l’article complet du Figaro
“Ca doit être la trouille, non ?
Ouais, j’crois que ça doit être ça !”
On le connaissait tellement peu, ce “coronavirus” que l’on n’appelait pas encore “Covid” et qui n’était pas encore féminin.
Avant les premières séances, je prends conscience de l’aventure dans laquelle je m’embarque et je me demande si je ne suis pas complètement dingue.
Les directives étaient très claires : porter les tenues de protection fournies pendant les shootings, réfléchir aux gestes anodins, à chaque retour à la maison me déshabiller intégralement sur le palier avant de mettre un pied à la maison, laisser les chaussures dehors, mettre tous mes vêtements directement dans la machine, prendre une douche shampoing inclus… et seulement après, dire bonjour au chien !
Quelle dose de risque, finalement, de rapporter le virus à la maison en allant passer des journées dans l’oeil du cyclone ?
Comment les hôpitaux allaient-ils pouvoir me protéger alors qu’eux-mêmes manquaient de beaucoup de choses pour leurs soignants ? On ne lisait que cela dans la presse.
Comment allaient-ils prendre ma démarche ? Est-ce qu’ils allaient m’envoyer balader ? Est-ce qu’ils ne viendraient pas ?
Comment réagir, moi, en face d’eux ? Quelle attitude adopter ? Comment gérer ma propre émotivité, moi qui suis capable de verser une larme en photographiant un mariage ?
Je m’attendais à une ambiance grave, très sérieuse.
Je me trompais, et complètement !
Un photocall de soirée aurait eu la même ambiance : je me suis retrouvée en pleine fête.
CMC Ambroise Paré – Pierre Cherest – Hartmann
15, 16 et 17 avril 2020
Ce matin du 15 avril, je suis accueillie par Lénissia Djaout, chargée de communication du groupe. Elle sera mon ange gardien pendant trois jours, et aussi ma photographe personnelle officielle, saisissant pour me faire plaisir plein de moments forts.
Le tout premier masque chirurgical de ma vie, c’est Lénissia qui me le donne et m’apprend à le mettre correctement ! Avant même de décharger la voiture. Ce ne sera pas le dernier…
Une grande salle est réservée pour le shooting.
Montage du studio au pas de charge, test du fond bleu demandé par la Direction, les premiers volontaires sont déjà là et attendent.
Et on démarre ! Sauf que…
Le projet qui avait été validé portait sur des portraits individuels.
Sauf que ! … le personnel qui descendait de chaque service par groupes de collègues était trop déçu de ne pas avoir de photo ensemble, alors que cette bataille contre le Covid, ils la menaient justement en équipes et ensemble.
Dont acte : allez zou ! Portraits individuels et photos d’équipes !
Dire merci, c’est essayer de faire plaisir.
En 4 séances de deux heures chacune, 221 visages ont été photographiés, et des centaines de photos de groupes.
Bien piégeuses, les photos de groupes : allez faire tenir une équipe devant un fond prévu pour des portraits. Forcément, c’est comme “ça dépend” : ça dépasse !
J’ai mis mon égo de perfectionniste de côté !
Hôpital Américain de Paris
21 – 24 avril 2020
L’Hôpital Américain, pour moi, c’est la corde sensible.
J’y suis née, mes grands-parents et mon papa y ont terminé leur vie, mes enfants y ont été opérés. Je connais les lieux par coeur, certains visages aussi.
Accueillie par Samantha Leblanc, directrice de la communication et Alexis Ray, son adjoint (mon nouveau photographe officiel !), voilà le studio vite installé au Jardin déserté de ses convives, ce restaurant incroyable au fond du parc de l’hôpital où j’ai souvenirs d’un certain nombre de moments de réconforts qui n’étaient pas du luxe.
Là encore, mon objectif était que les soignants se trouvent beaux.
Même sans maquillage, avec la fatigue des heures de gardes, le stress, les masques qui ruinent la peau du visage.
Cette fois, le fond sera noir chic. Placer les lumières pour ne surtout pas créer de cernes tout en évitant les reflets dans les lunettes, que les cheveux se détachent bien du fond et avoir un très joli contraste avec les tenues de combat.
Et pas question de me laisser avoir par les groupes : fond panoramique de 4 mètres !
Icing on the cake (chez les anglophones, on ne met pas de cerise mais juste un glaçage !) : une vraie pyramide de soignants qui ne boudent pas leur plaisir d’être ensemble, c’est le plus beau cadeau reçu à l’Hôpital Américain.
La photo, et ci-contre, les photos de l’ascension et la vidéo “behind the scene” de la photo.
Merci à Alexis Ray d’avoir filmé au si bon moment !
Et après ? On imprime, bien sûr !
L’histoire ne s’arrête pas là !
D’abord, il y a eu des heures de post-traitements des photos. Par-ci par là, j’ai recadré pour un bel ensemble, effacé des petits boutons de fatigue, parfois même refait une couleur ou un balayage avec Photoshop à la place des coiffeurs qui étaient fermés.
Une photo, cela ne vit que sur papier. Elle se regarde, elle se montre des années après pour raconter une histoire de vie, elle se transmet un jour. Elle évite que tout termine aux oubliettes dans le drame d’un disque dur qui rend l’âme.
Et c’est là qu’intervient mon grand complice : Guillaume Depaifve est celui qui transforme mes photos en souvenirs.
Son équipe de pros chez Artdeqo, laboratoire professionnel de tirages, sont les seuls à qui je donne toute ma confiance.
Dans ce contexte sanitaire si particulier, Guillaume a offert de travailler gratuitement afin qu’Ambroise Paré et l’Hôpital Américain offrent à leurs équipes des tirages papier de toutes les photos.
Et cela en a fait quelques bons milliers des deux côtés !
A Ambroise Paré-Cherest-Hartmann, il y a eu ces posters affichés dans l’établissement.
Une très belle parution dans Neuilly Journal Indépendant et un article sur le shooting.
L’Hôpital Américain de Paris a choisi de mettre ses soignants à l’honneur sur ses murs.
Avec énormément d’émotion, j’ai redécouvert tous ces visages en immense.
Enfin, il y a eu une espèce d’épilogue, presque un an après.
J’ai été contactée par le rédacteur en chef du Jour du Seigneur sur France 2 pour témoigner de ces shootings auprès des soignants.
Le sujet a été diffusé dimanche 7 février 2021, dans le cadre d’une émission spéciale santé.
Je ne remercierai jamais assez cette équipe de choc d’avoir réussi à condenser en deux minutes tout ce que j’ai vécu avec eux.
Merci à Eric-Riwal Pailler, rédacteur en chef et réalisateur (et intervieweur hors pair !), Eric Huelvan à l’image, Claude Marion au son et Carole Chevallereau au montage. Et bien sûr à David Milliat qui présente l’émission tous les dimanches.
Voici la vidéo et quelques souvenirs du tournage.
Mercis encore !
Lénissia Djaout, chargée de communication des Centres Médicaux-Chirurgicaux Ambroise Paré-Hartmann-Cherest
Samantha Leblanc, directrice de la communication de l’Hôpital Américain de Paris
Alexis Ray, responsable de communication
Thomas Julien, infirmier dans l’unité Covid de l’Hôpital Américain
Les soignants des deux établissements pour leur confiance et les messages si touchants qu’ils m’ont envoyés après les shootings.
Guillaume Depaifve et l’équipe d’Artdeqo
Eric-Riwal Pailler et l’équipe du Jour du Seigneur sur France 2
Sylvie Maufus de Neuilly Journal Indépendant
… et vous tous de me suivre sur mes réseaux, de m’entourer par vos présences et commentaires.
La suite de l’aventure, au moment où je termine cette petite histoire, sera l’ouverture dans quelques semaine du Studio Photo de Neuilly. Nous en reparlerons !