JE VOUS MONTRE MA LUNE !…
… OU UNE PETITE HISTOIRE D’ÉCLIPSES : 27 JUILLET 2018 – 21 JANVIER 2019
27 juillet 2018. Une date notée dans l’agenda depuis des mois.
Vous vous en souvenez peut-être, c’était la canicule en France depuis des semaines. Ciel sans nuage, chaleur à crever, je regardais passer les jours et finissais par y croire : on allait avoir des conditions 5 étoiles pour voir cette fameuse éclipse de Lune, attendue depuis 2015. La suivante prévue en janvier suivant, avec donc des conditions largement moins confortables, probablement en dessous de 0°, le choix à tout prendre était fait.
En Vendée, nous étions sur la bonne ligne et la Lune devait se lever à peu près au moment du début de son éclipse totale. Cela présageait en plus une impression de sphère plus grande qu’à l’accoutumée.
Cerise sur le gâteau, Mars, la planète rouge à son plus près de la Terre pas loin de la Lune, le spectacle s’annonçait grandiose.
Stelvision, comme toujours, avait mis l’eau à la bouche par un somptueux article signé Carine Souplet. Vous le trouverez ici
Pas question alors de laisser les réglages de l’appareil au hasard.
C’est que la Terre tourne vite et l’horloge avec.
Contrairement aux photos d’étoiles, le temps de pause doit être assez court pour avoir une Lune nette.
Ce qui ne simplifie pas une prise de vue d’éclipse, puisqu’autant la pleine Lune est extrêmement lumineuse, autant lorsqu’elle passe dans l’ombre de la Terre, le tableau s’assombrit terriblement. Et que cela ne se prévoit pas à l’avance, puisque personne ne peut prévoir la tonalité de cuivré qui se présentera pendant l’éclipse. Du marron chaud à l’orangé en passant par le rouge, cela dépend entre autres de l’atmosphère.
On est donc coincé avec la vitesse, par l’ouverture de l’objectif qui doit être relativement fermée si on veut des détails, restent les isos mais sans trop d’exagération sous peine d’avoir une photo archi bruitée pas jolie.
Ne parlons pas de la mise au point, horriblement compliquée à faire correctement manuellement en pleine nuit !
Je noterai donc mes réglages sous chaque photo, mais juste à titre indicatif : sur cet exercice très particulier qui reste un vrai challenge, j’avoue ne pas avoir assez de pratique pour ne pas être la reine de la bidouille…
Retour le 27 juillet.
La météo était devenue pessimiste. Et moi avec.
Pourtant, j’étais prête et toute la famille avec moi pour ne pas manquer ce spectacle (moins une en pleine suspicion de nez cassé, mais c’est une autre histoire).
Nous avions choisi un emplacement dégagé, d’où nous pourrions voir l’évolution de l’éclipse presque du début à sa fin.
Nous dînons tôt, et nous sommes en place en avance, sur une cale bien glissante où je manque de me casser la figure. Attention au trépied et au boitier dessus.
Nous ne sommes pas seuls, un autre photographe et quelques familles renseignées et curieuses.
Seulement la météo avait raison : le beau temps était en train de partir avec le jour.
Catastrophe, voici la situation à 21h15.
A 21h30, soit pile à l’heure du début du rendez-vous, il se met à pleuvoir.
Un quart d’heure sous la pluie, et nous décidons que c’est fichu, on rentre.
Tout le monde va se coucher, dépité.
Je m’attarde devant l’ordi, farfouillant sur les réseaux pour voir si un copain aurait plus de chance que moi ailleurs en France. Rien.
Oups… je me souviens que dans notre déception, j’ai oublié le pipi du chien.
Je rouvre les volets, sors avec elle dans le jardin histoire de la motiver, et je lève le nez par habitude.
Et là !… émergeant des grands pins, une espèce de boule de feu, vision absolument saisissante. Elle est là.
En quelques minutes, le ciel était en train de se déchirer.
Je prends cette preuve à la va-vite, au cas où tout re-disparaisse aussi vite que cela était venu. Et je fonce réveiller la maison.
La question se pose alors de retourner ou pas à mon point d’observation.
Les nuages continuent de se disperser, mais leur rapidité dans un sens étant possible aussi dans l’autre, je décide d’assurer le peu que je peux dans l’espace confiné du jardin.
D’autant que le trait de lumière vive sur la gauche de la Lune signale que la phase totale de l’éclipse totale est déjà finie et que chaque minute rapproche à grand pas d’un retour à la normale.
A défaut d’une photo avec un bel avant-plan, ce sera un timelapse pour créer un “chapelet”, en composant avec les nuages.
Qui aura eu le mérite d’exister…
Réglages de la première : f/5.6 – 1/15e s – isos 3200
Réglages de la dernière : f/7.1 – 1/250e s – isos 200
21 janvier 2019
Un petit goût de “trop peu” en juillet, je reprends rendez-vous avec la Lune le 21 janvier.
Non par 0° comme imaginé mais par -5°. Température ressentie : au moins -30° !
Mais ce froid polaire nous offre un temps radieux. Pas un nuage.
Nous voilà partis dans Paris, avec mon ami Stéphane à 3 heures du matin.
Ca pique !
Les conditions sont moins jolies qu’à Noirmoutier, la pollution parisienne n’aide pas, et peut-être l’éclipse est-elle moins vive de toutes façons. Mais la fascination est à nouveau là.
Et j’ai eu envie d’aller rendre visite à un grand Monsieur campé sur ses deux jambes qui avait subi bien des misères en jaune quelques semaines auparavant.
Voici mon résultat. Pas encore parfait, mais je suis heureuse et prête à attendre trois ans pour la suivante.
Rendez-vous en 2022 !